Cet appel à contributions pour le colloque Fabrique politique de l'École, fabrique scolaire du politique vise à la fois à établir un bilan d'étape des recherches sur l'institution scolaire ancrées ou inspirées par la sociologie politique et la sociologie de l'action publique, et à renouveler des chantiers de recherche diversement développés. L'optique de l'organisation de cet événement scientifique est résolument ancrée dans la recherche empirique, avec des outils sociologiques généralistes mais également une volonté de dialogue avec la sociologie de l'éducation.
Depuis une trentaine d'années en particulier, l'intérêt des sciences sociales pour les dimensions politiques de l’École est allé croissant. Cette dynamique s'est développée par la réhabilitation du rôle de l'action publique (van Haecht, 1998 ; van Zanten, 2004) et du maillage administratif (Buisson-Fenet, 2008 ; Dutercq, 2001) dans la compréhension des faits éducatifs, ainsi que par la normalisation relative de l'objet École en science politique (Sawicki, 2012). Formant un ensemble disparate marqué par la diversité empirique et disciplinaire, ces travaux témoignent de la portée politique de l’École à l'échelle de la société (Prost, 1992) et permettent de saisir de l'intérieur le fonctionnement de l' « État éducateur » (Barroche, Le Bouedec, Pons, 2008).
Tout en faisant un point d'étape, ce colloque vise à travailler sur des chantiers de recherche qui, pour certains, restent encore largement à construire, ou qui, pour d'autres, sont étoffés mais méritent d'être prolongés à partir de nouvelles perspectives. Dans cette optique, il est possible de retenir une approche d'ensemble questionnant les conditions et les effets politiques du gouvernement de l'institution scolaire, en particulier dans les premier et second degrés. Cette perspective invite à ne pas voir l’École comme une entité réifiée, mais plutôt à décomposer les espaces et les acteurs qui font sa chair et à restituer les chaînes d’interdépendances qui les relient. Le parti pris d'une approche résolument empirique a vocation à armer l'analyse des opérations symboliques et pratiques qui façonnent une institutionnalisation permanente (Lagroye, Offerlé, 2010) dans laquelle prennent corps des processus de gouvernement auxquels participent tout autant les agents de l'institution – des sommets de l’État aux espaces locaux – que les acteurs périphériques – spécialisés ou non – et les publics.
Pour être étudiée, la pluralité des concrétisations de tels phénomènes requiert de s'intéresser à des objets divers qui, s'ils sont rarement mis les uns à côté des autres sous l'effet de la spécialisation académique, renseignent tous sur les logiques et les conséquences politiques de la gestion de l'institution scolaire. Un premier axe de questionnement porte sur l'action et les transformations de l’État éducateur, autour en particulier du changement institutionnel et des dynamiques relationnelles dans la fabrique de l'action publique éducative. Un second axe appréhende quant à lui les dimensions politiques de la régulation des comportements des acteurs aux prises avec l’institution, soulevant notamment l'influence politique de l'acculturation scolaire et les dynamiques de mobilisations collectives dans et autour de l’École. Le colloque est ouvert à des travaux mobilisant diverses méthodes d'enquête.
Modalités d’envoi des propositions de communication
Les propositions de communication, en français ou en anglais, sont attendues avant le 15 janvier 2021, accompagnées d’une mention de l’affiliation institutionnelle ainsi que de l’adresse électronique de l’auteur.trice. D’une longueur maximale de 7.000 signes (espaces inclus et tout compris), elles devront exposer l’objet de la contribution, la méthodologie de recherche adoptée, le terrain d’enquête mobilisé, la problématisation, les principaux résultats dégagés ainsi qu’une brève bibliographie. Enfin, bien que cela demeure purement indicatif, les auteur.rice.s sont invité.e.s à situer leur communication dans un des axes ou sous-axes du présent appel à communication.
Les propositions sont à envoyer à Thomas Douniès, Vanille Laborde et Guillaume Silhol. Elles seront examinées par deux membres du comité scientifique ainsi que par les organisateur.rice.s. Une réponse sera formulée dans le courant du mois de mars. Pour les propositions sélectionnées, les textes des communications devront être envoyés à une date précisée par la suite.