Cette séance sera présentée par Elena Lespes Munoz.
En 1968, en Argentine, les artistes de Rosario décident, avec la CGT des Argentins (CGTA), de monter une opération de contre-information sur la situation de la province de Tucuman, région de l’industrie sucrière. Ce projet collectif artistique et pluridisciplinaire, né des rapprochements entre milieu syndical, artistes et intellectuels, apparaît comme un moment de fractures multiples. Politiques d’une part, du fait de la crise sociale et économique née du projet de modernisation capitaliste du gouvernement Ongania. Et artistiques d’autre part, avec la critique de plus en plus virulente à l’égard de l’institutionnalisation des avant-gardes argentines par certains artistes. Aussi, Tucuman Arde représente-t-il un événement clé dans l’art de cette période : un point de ruptures et de frictions majeur qui rend compte de l’émergence et de l’expérience d’un « art » confronté aux limites de sa propre définition dans une période troublée de renouvellement esthétique et politique.
Elena Lespes Munoz est doctorante à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne et à l’université de São Paulo sous la direction de Jacinto Lageira et Cristina Freire. Sa recherche porte sur les relations entre le MAC-USP (Musée d’Art Contemporain de l’Université de São Paulo) et les collectifs d’artistes francophones dans les années 70. En parallèle de sa recherche universitaire, elle travaille comme coordinatrice de projet dans l’art contemporain (Artesur, FRAC-PACA, Kadist, etc.).
Le séminaire « Politiques de la résistance : tactiques et stratégies artistiques en Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Mexique) » est conçu et organisé par Laurence Corbel dans le cadre du programme de recherche ECCO AMLAT : « Écritures et paroles d’artistes : contributions aux scènes artistiques contemporaines d’Amérique latine ».