La dimension spatiale des rapports sociaux et politiques est habituellement abordée par les sciences sociales à travers des découpages disciplinaires et des problématisations conduisant à séparer ce qui relève des espaces de vie des acteurs sociaux et ce qui renvoie à la construction de problèmes publics (espaces-enjeux ou enjeux spatialisés) par les mobilisations collectives et les instances politico-administratives.
Bien souvent, la question des mobilisations relatives à l’espace n’est traitée qu’à partir des mouvements sociaux, des conflits ouverts (d’aménagement, d’implantation, d’appropriation, d’usage), des controverses, des modes de constitution et de gestion des problèmes publics. L’intérêt de l’entrée proposée est d’ouvrir sur d’autres questionnements, en interrogeant en particulier les articulations et les clivages entre formes ordinaires d’investissement de l’espace et mobilisations politiques. Elle permet notamment de faire apparaître des enjeux non encore constitués en problèmes publics ou à peine émergents dans le débat public, restant cantonnés à la sphère privée et interpersonnelle. Elle conduit également à examiner la manière dont les associations, les mouvements sociaux et les instances et dispositifs d’action publique s’étayent ou pas sur l’expérience sociale des acteurs ordinaires, la catégorisent, la reconfigurent.