Les derniers chasseurs-cueilleurs de l'Atlantique européen
Notre projet a pour but de fédérer une équipe de recherche pluridisciplinaire autour d'un des thèmes phare de la Préhistoire, qu'est le phénomène de la néolithisation. Nous souhaitons approfondir ce sujet de recherche en nous intéressant tout particulièrement aux dernières populations de chasseurs-cueilleurs en contact avec le littoral atlantique européen. Les sites archéologiques côtiers du Mésolithique s'avèrent, par le biais des amas coquilliers, des sources d'information encore sous exploitées au niveau scientifique étant donné les dernières avancées scientifiques de ces dernières années : analyses isotopiques, anthropologie, développement de l'archéozoologie des invertébrés marins et des poissons, tracéologie sur os, coquilles et pièces lithiques, carpologie, anthracologie, analyse du macro-outillage, palynologie et parasitologie. Pour ce faire, nous avons d'ores-et-déjà mobilisé une équipe de jeunes chercheurs et de chercheurs reconnus internationalement autour des fouilles archéologiques en cours de l'amas coquillier mésolithique côtier de Beg-er-Vil localisé à Quiberon dans le Morbihan. Cette fouille s'avère être un laboratoire scientifique où pourront être testées tout le panel des disciplines archéologiques.
Pourquoi avoir choisi d'aborder le thème de la néolithisation par sa relation avec les océans ? La néolithisation n'a rien d'uniforme, elle représente une diversité de scénarios que nous commençons tout juste à percevoir. A l'échelle de l'Europe, ce phénomène semble avoir été fortement influencé près des côtes à la fois par la multitude des ressources offertes par la mer mais aussi par les fluctuations des facteurs paléoenvironnementaux. S'ils sont emblématiques du Mésolithique, les amas coquilliers ont été négligés pendant plusieurs années à l'échelle de l'Europe, avant que la richesse de leur contenu en termes de paléoenvironnement ne les remette au goût du jour depuis le début de ce millénaire, en Angleterre, dans les pays scandinaves et au Portugal. Les fouilles de ce type de site se multiplient, notamment au Portugal et au Royaume-Uni. La richesse des écosystèmes littoraux a permis le développement de groupes bien implantés, qui semblent pouvoir faire pièce aux économies néolithiques parfois pendant plusieurs centaines d'années. À ce jour, seuls quatre sites archéologiques de la fin du Mésolithique et présentant des indices de l'exploitation de la frange littoral atlantique sont connue en France. Beg-er-Vil est le seul site sur lequel une opération archéologique est possible actuellement. La diversité de l'équipe de recherche mobilisée autour de l'opération de Beg-er-Vil nous permet de comprendre toute la diversité des ressources que l'homme a pu exploiter au Mésolithique, qu'elles soient minérales ou animales. Elles nous permettront d'amender la réflexion sur la néolithisation à l'échelle internationale.
Les finalités de ce projet sont de pouvoir positionner les chercheurs de notre laboratoire Archéosciences / CReAAH de Rennes en tant qu'acteur décisionnaire de la recherche sur la néolithisation de la façade atlantique européenne. Elle a pour but de tester la synergie d’un groupe d’experts scientifiques pluridisciplinaires internationaux qui sont à la pointe des méthodologies développées en archéologie. Un symposium international sera organisé sur le thème "Les derniers chasseurs-cueilleurs marins de l'Atlantique européen, un premier pas vers une résidence prolongée ?" sous le label de la MSHB. Les financements demandés nous permettront d'inviter des chercheurs européens travaillant sur cette problématique. Cet objectif du projet proposé qu'est l'organisation de cette réunion a pour but de tester l'investissement scientifique et la motivation à la fois des jeunes chercheurs et des chercheurs renommés afin de proposer un projet à l'échelle international (ANR / INTERREG). En parallèle des publications de nos résultats au niveau international seront proposées pour Beg-er-Vil ainsi que la publication du symposium.