Structuration méthodologique des données de déplacement
Le projet s’inscrit dans le champ d’étude des mobilités spatiales enfantines en milieu urbain. L’analyse de la mobilité consiste ici non pas en une analyse des modes et des dimensions spatiales directement afférents aux déplacements quotidiens (distance, mode, temps de trajets, etc.) mais en l’étude des modalités d’organisation des activités quotidiennes et des configurations (ou patterns) spatiales des déplacements permettant aussi de caractériser les contextes spatiaux, c’est à dire les paysages, les environnements, fréquentés. Pour cela, le projet privilégie des techniques d’observation fine (c’est à dire précise dans l’espace et dans le temps) par GPS des pratiques des enfants et de leurs parents. Ces techniques, en émergence aujourd’hui, nécessitent la construction de protocoles de recueil et d’analyse spécifiques, renouvelant les méthodes d’enquête sur la mobilité des personnes. La recherche menée est organisée autour d’un travail collaboratif portant sur l’observation et l’analyse des données spatio-temporelles autrement dit de comportements de mobilité spatiale recueillis par GPS en milieu urbain. Rassemblant trois équipes pluri-disciplinaires de Rennes, Nantes et Grenoble ayant chacune une expérience antérieure en matière d’observations et d’analyses de la mobilité humaine à partir de dispositifs GPS, ce projet vise à mutualiser connaissances et savoir-faire dans les domaines de la géographie, géomatique, psychologie environnementale et informatique pour développer des outils de recueil et d’analyse des données spatio-temporelles liées aux mobilités spatiales quotidiennes. Pour cela, le projet s’appuie sur deux cadres théoriques proches mais issus respectivement de la géographie et de la psychologie environnementale : les « pockets of local order » de la time-geography et les « behavior-settings » ou sites comportementaux. Ces deux appareils conceptuels inscrits dans des champs paradigmatiques proches (« ecological approach » vs « situated action ») servent ici de cadre de référence pour appréhender et formaliser des « situations spatio-temporelles » dans lesquelles s’inscrivent les pratiques des enfants en contextes urbains. Concrètement et de façon circonscrite à la formulation du projet ici présenté, il s’agit de développer à partir de ces paradigmes, des outils d’analyse qui permettent de rendre compte des variétés et des similarités des situations de mobilité que rencontrent les enfants en identifiant des ensembles de lieux dans lesquels s’ordonnent des activités et des interactions sociales particulières au cours de fenêtres temporelles définies. La réunion de savoir-faires autour d’objectifs communs en matière de traitement des traces GPS, d’analyse de patterns de comportements et de caractérisation de contextes environnementaux permettra de lever quelques verrous méthodologiques et théoriques qui subsistent dans ce champ d’étude des mobilités. Les réflexions et expérimentations menées autour de l’usage des GPS, du recueil de la donnée à son analyse, devraient contribuer à l’axe 5 du pôle Pôle Usages des TIC - M@rsouin de la MSHB. Organisé autour d’ateliers méthodologiques et de séminaires de mutualisation des connaissances le projet a pour objectif de mettre en oeuvre une enquête auprès d’une population de familles (parents – enfants) de l’agglomération rennaise. Cette enquête permettra de tester le protocole de recueil élaboré par l’équipe et de traiter les données récoltées. Le traitement des données s’appuie sur des phases-tests préalables (menées sur des jeux de données créés de manière ad hoc) qui permettront de valider les outils d’analyse de la donnée GPS. De manière conjointe, une base de données spatiale et comportementale (décrivant les déplacements et activités ainsi que les contextes (milieux) urbains est développée. Enfin, la recherche propose de définir et tester des indicateurs spatio-temporels décrivant les patterns d’activités et de déplacements des individus en fonction de leurs formes (étendues spatiales, régularités temporelles…), leur contexte environnemental (espace minéral/végétal, morphologie urbaine…) et social (animation, régulation…).